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Channel: Les découvertes du chamois
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Auguste Bouvard du 2e bataillon te"rritorial de chasseurs alpins

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Auguste, Joseph Bouvard est né le 7 janvier 1879 aux Déserts (Savoie).

 

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Il est le fils de Claude Marie et de Viand Marie, domiciliés aux Déserts. Se déclarant cultivateur, il a été incorporé au 22e B.C.A. le 16 novembre 1900. Il est passé au 97e R.I.A. le 14 juin 1901 et y a été effective ment incorporé le 16 juin 1901. Puis il passe au 14e E.T.E.M le 21 septembre 1901 en qualité de soldat ordonnance.

Rendu à la vie civile le 24 septembre 1903, il sera mobilisé le 3 août 1914 au 2e bataillon territorial de chasseurs alpins (B.T.C.A.) à l’intérieur jusqu’au 6 octobre 1914.

Il rejoint officiellement la zone des armées en campagne le lendemain, le 7 octobre.

Il meut des suites de blessures de guerre le 19 juillet 1915 à Saint-Léger-aux-Bois (Oise).

Ses camarades de la compagnie de mitrailleuses ont envoyé ce témoignage extraordinaire et très savoyard, le cœur et la croix :docu0005_bis

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Quelle émotion !

Et voici le résultat avec ... :bcat_002_bouvard_auguste_mery_la_bataille_070511_bis

 

La sépulture d’Auguste Bouvard se trouve à Saint-Crépin-aux-Bois :

 
 

 

 

La mort du Lieutenant-colonel Dayet

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Le lieutenant-colonel Emmanuel Dayet était né le 21 janvier 1860 à Lons-le-Saunier (Jura). Il est mort sur le champ de bataille de La Fontenelle le 27 janvier 1915. Trois lettres qu’un gradé du 133e avait envoyées à sa mère ont été publiées par le journal « Le Réveil Savoyard » du 14 février 1915.

 

     
 

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Les journaux ont annoncé la mort à l’ennemi du colonel Dayet, commandant le 133e régiment d’infanterie. La mère de l’un de nos amis veut bien nous communiquer trois lettres de son fils, qui a assistéà cette mort glorieuse :

 

29 janvier

 

«… Nous habitons depuis que nous sommes au repos chez un bon vieux qui a quatre-vingts ans et qui a fait, avec le 91e, la guerre d’Italie. De nombreux tableaux ornent sa chambre et c’est presque en pleurant qu’il dit que les Prussiens lui ont pris sa médaille…

 

« Ce n’est pas seulement, hélas, dans notre chère petite famille que je suis frappé. Que de deuils frappent mon pauvre régiment depuis quelque temps, dans cette horrible guerre de sape ! Hier encore, dans une malheureuse attaque, c’étaient 234 des nôtres qui tombaient sous les balles des mitrailleurs allemands ; à leur tête tombe notre colonel… Nous avons vu des choses que je ne puis écrire, mais que je n’oublierai jamais. Nous avons vécu une journée terrible.

 

Nous faisons des travaux pour retirer le corps de notre colonel, tombé l’autre jour entre les deux lignes Si nous réussissons, quelles funérailles nous ferons à ce brave frappé en tête de ses troupes, en partant à l’assaut. Il le mérite. Il savait qu’il allait à la mort. Sa place n’était pas là, mais il a voulu montrer par sa mort, bien des choses. Son corps étendu, entre deux lignes de tranchées, depuis plusieurs jours déjà, en dit plus long que tous les discours.

 

2 février

 

« Je reviens d’accomplir une heure de veille auprès du corps de notre colonel. Dans une grange que nous avons ornée de drapeaux et de branches de sapin, il repose sur un brancard et sa figure est éclairée par la lumière de deux bougies. Ses traits sont toujours énergiques et décidés, il est bien toujours le même que j’ai vu partir l’autre jour, le dernier de sa vie, son sabre d’une main, sa sacoche de l’autre, sans aucun galon, allant prendre une place qui n’était pas la sienne…

 

« Je vous ai écrit que nous cherchions à reprendre le corps de notre colonel. C’était une opération difficile, car il était tombé entre les deux tranchées, à vingt-trois mètres des nôtres, à six mètres de celles des Allemands. Après plusieurs tentatives vaines, on décida de faire appel à un volontaire.

 

« C’est un de mes amis, P. Seurre, qui fait partie de ma liaison, qui se présenta. Je ne vous parlerai pas de ma stupeur lorsqu’il m’annonça son intention et c’est avec une bien grande émotion qu’à la veille de son entreprise, je lui dis adieu et lui souhaitais bonne chance.

« Il s’y prit en deux fois. Le premier soir recouvert d’un drap blanc, se confondant ainsi avec la neige, il réussit à s’approcher assez près du corps. Il s’en trouvait à trois mètres lorsqu’une rafale de vent soulève le drap. Les Allemands s’en aperçoivent, tirent sur notre ami qu’ils manquent, criblent le linge et font rater l’affaire. Nullement découragé, Seurre veut recommencer. De nouveau, le lendemain soir, le voilà enjambant la tranchée. De la tète aux pieds, il est tout de blanc habillé ; par précaution, il s’est fait attacher. A la faveur d’un léger brouillard, il réussit à avancer rapidement. Du corps il est tout près. Maintenant il faut ramper. Lentement il avance en creusant un sillon dans la neige, qu’il rejette de chaque côté. Ça y est. Trois cadavres sont devant lui. Il s’arrête ; la neige a craqué. Des créneaux ennemis, à cinq mètres, il entend des chuchotements ; il devine des yeux qui cherchent sur la nappe blanche ; longtemps il reste là, écoutant : des sentinelles se soufflent dans les doigts pour se les réchauffer, d’autres frappent le sol de leurs pieds… Enfin, il se décide : il déroule la longue corde qu’il a apportée. Mais lequel des trois morts est celui qu’il cherche ? Doucement il soulève les corps, fouille les poches : une corne de commandement ! nul doute, c’est bien lui ; il l’attache solidement par la tête et par les pieds. Sa tâche est presque terminée. Mon ami alors se couche sur le dos, agite un peu la corde qui le relie à l’arrière et, salué par les salves des Allemands qui entendent un glissement, il se laisse tirer. Le colonel reste encore. On tire sur la corde. Le corps glisse, il approche, il va arriver à la tranchée, lorsque brusquement le câble casse. Les Allemands tirent toujours. Sans perdre le temps de réfléchir, Seurre réapparaît sur la tranchée, attache à nouveau le corps… La tentative a pleinement réussi. Depuis hier soir, mon ancien agent de liaison est caporal et proposé pour la Médaille militaire. »

   
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Monument de La Fontenelle, lieu du combat et tombe du lieutenant-colonel Dayet à Saint-Jean-d'Ormont

 

5 février.

« Aujourd’hui nous avons rendu les derniers honneurs à notre colonel. Toute la compagnie, des délégués de tous les bataillons y assistaient en tenue de campagne. Une messe fut dite et servie par trois prêtres soldats et chantée par les musiciens du régiment avec accompagnement de violons. Des discours furent prononcés par notre commandant, le général de brigade et le général de division. Ils rappelèrent la mort de ce brave officier, face à l’ennemi et présentèrent à sa veuve et à ses neuf enfants leurs témoignages émus de condoléances. La cérémonie fut touchante dans sa simplicité et l’émotion s’empara de tous les cœurs lorsque le drapeau déployé vint s’incliner sur la tombe.

« Notre colonel repose dans le cimetière du petit village de …, au pied de l’église percée de balles, au milieu de tous ses soldats qui comme lui sont morts bravement pour la Patrie. »

 

Tamponnement de trains en gare de Prouzel (Somme)

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Léon Zanolini naît à Sainte-Hélène-sur-Isère (Savoie) le 10 octobre 1896.

Incorporé avec sa classe au 30e régiment d’infanterie, c’est en qualité de sous-lieutenant qu’il sera affectéà la 21e compagnie du 297e régiment d’infanterie. Deux fois blessé le 6 septembre 1917 (secteur de Vauxaillon) et le 11 juin 1918 (Combat de Courcelles). Il a été le témoin direct de l’accident de chemin de fer par tamponnement en gare de Prouzel dans la nuit du 5 au 6 juin 1918 alors que le régiment montait au feu en toute urgence justement dans le secteur de Courcelles.

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297e Régiment d’Infanterie

21e Cie.

 

Le 6 juin 1918.

 

Récit de l’accident de chemin de fer survenu en gare de Prouzel, le 5 à minuit.

Il est 23 h. 45… Lentement notre train, qui ne compte pas moins de 40 wagons chargés d’hommes et de voitures, entre en gare. – « C’est là que nous débarquons dit le capitaine P…[1] ; faites équiper les hommes ». L’ordre est transmis ; les hommes réveillés brusquement se tirent avec peine de la paille – on s’équipe, officiers et troupe. – Le capitaine P… et le capitaine V… descendent pour prendre des ordres à la gare – moi-même, après avoir endossééquipement, je donne à travers la vitre qui communique avec le compartiment de 1re (Etat-major) un coup d’œil : les médecins sont là qui attendent – le lieutenant V… aussi. – L… derrière moi, dans le compartiment rassemble toutes ses affaires.

J’attends… Dans le lointain, un bruit de détonations… Des bombes d’avions… Plus près un train dans l’ombre arrive à toute allure… Même direction… Même voie… C’est sur nous… Je saute…

Deux secondes plus tard, à mes yeux égarés, s’offrait l’horrible spectacle d’un amas de ferrailles traîné par le train tamponneur sur 300 mètres… Du feu… Des cris de gens qu’on égorge : mon dieu… mes camarades… Du talus où j’avais sauté je descends : « Lulu, Lulu ! » personne répond. – Je cherche ce qui doit être le wagon de voyageurs, mais en vain.

Que reste-t-il des trois wagons de queue ? Un monceau de bois déchiqueté, fers enchevêtrés. – Et dire que dans cet amas inextricable, il y a des hommes, des camarades, à qui tout à l’heure je causais. – Bonvin, pleurant, m’aperçoit : « Oh ! mon pauvre Zano, tu es là ! » Mes hommes m’entendent ! On me presse, on m’embrasse ! Mais Bonvin reprend : « Lulu expire dans un coin ! »–

Ce n’est pas le moment de perdre le Nord. Froid, calme, je demande des nouvelles de ma Cie : pas de tués. Lulu, que je vois, à qui je dis le mot d’une affection indicible, a la cuisse brisée. – On l’emporte. – Le lieutenant C… que j’appelle est sous un wagon, les jambes pantelantes, on enfonce les tôles, on le dégage. Sauvé ! ! Mais les médecins ? Et le lieutenant V… Tous 3 restent sourds à nos appels… Hélas ! ! ils ont vécu, eux si gentils, si aimables.

…………………………………………………………………………………………………...

Toujours calme, je me dis « il faut fuir les lieux de l’accident » et du coup j’emmène ma compagnie hors de la gare. – ½ heure s’est écoulée. – Je réfléchis à mon bonheur et à la mort qui eût pu m’arriver. Cette fois le calme s’en va, et je tremblote…

Il est 3 heures du matin. – Les autos sont là. – Embarquement.

Triste souvenir que cette gare de Prouzel, plongée dans l’obscurité, les lieux de l’accident éclairés seulement par une torche de mécanicien.

(Triste nuit de guerre)

Léon Z.

Tués : lieutenant Vittet Jean François Maximilien (22e Cie), médecin aide-major Gèghre Jules et médecin auxiliaire Thollon Charles Marie Maurice tous deux au 6e bataillon.

Blessé : lieutenant Carron François, Pierre de la 22e Cie.



[1] Probablement le capitaine Picard, commandant le 6e bataillon. Il sera blessé le 12 juin vers midi au combat de Courcelles.

Un violoncelle dans les caves d'Ablain-Saint-Nazaire

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Voici une quinzaine d'années, cette photographie de presse sur laquelle j'avais bien identifié Maurice Barrès et Louis Bathou avait bien attiré mon attention. Bien évidememnt le violoncelliste en uniforme de soldat d'infanterie attirait toute mon attention. Une étude photographique m'indiquait qu'il ne pouvait s'agir de Maurice Maréchal.

Maurice Marechal, le voici et pour l'écouter, cliquez sur les liens ci dessous :

marechal_maurice_et_son_violoncelle

http://www.youtube.com/watch?v=TyInFdueBVw

http://www.youtube.com/watch?v=hP8Qq-EgFeI

http://www.youtube.com/watch?v=NF1u34pShDk

Qui est donc ce violoncelliste près de Maurice Barrès ? Enquête à suivre...

 

Ablain Saint-Nazaire - visite officielle

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visite_aux_champs_de_bataille1Sur cette photographie concernant la visite du champ de bataille en Artois en juin 1915 par Maurice Barrès, nous pouvons reconnaitre les personnes suivantes :

barres_pichon_reinach_barthouEn civil, de gauche à droite, Maurice Barrès, Stephen Pichon, Joseph Reinach et Louis Barthou.

Nous ne connaissons pas encore l'officier à gauche et le jeune violoncelliste.

Ablain - Carency - Souchez - Visite officiele- 29 juin 1915

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La visite officille a eu lieu fin juin 1915 et la photographie date du 29 juin1915 comme nous l'indique le journal de Maurice Barrès, publié notamment dans ses Chroniques, le violoncelliste se nomme André Benardel :

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Voilà Souchez sous les fumées blanches de nos projectiles. Nous regardons quelques instants comme ils arrivent à brefs intervalles et éclatent bien régulièrement. Mais nous ne pousserons pas plus loin. Nous revenons un peu en arrière et, franchissant la rivière, nous entrons dans ce qui fut Ablain-Saint-Nazaire.

L’orage du combat y est partout visible. Sa longue rue bordée de murailles sans toit et demi-écroulées, ses fenêtres, ses portes bouchées par des sacs de terre, racontent l’atroce lutte où, jardin par jardin, maison par maison, cave par cave, sous un enfer de mitraille, puis à coups de grenades, nous primes le village.

On s’est exterminé dans tous ces clos paisibles d’où les populations ont entièrement disparu. D’heure en heure, les Allemands aiment d’y envoyer des marmites. Nous y circulons comme dans un désert. Mais voici qu’au milieu des ruines, une mélodie profonde s’échappe. Nous nous arrêtons plus brusquement qu’au sifflement d’une marmite. Puis-je en croire mes oreilles ! C’est bien un air charmant et savant de violoncelle appuyé par un piano. Nous nous dirigeons vers la cave d’où il se lève. Nous frappons. On ouvre. Et là, dans la nuit noire, c’est un groupe d’une vingtaine de soldats. Le concert s’arrête. Le violoncelliste se nomme : « André Bernardel, soldat de deuxième classe et premier prix du Conservatoire. » Il nous présente son accompagnateur : « M. Georges Ferré, pianiste. » Il s’excuse de son instrument qu’il a construit lui-même avec une boite ayant contenu du macaroni. Et tout de suite les deux artistes reprennent l’Aria, de Jean-Sébastien Bach.

La douceur de cette musique faisait-elle songer ces soldats aux bonheurs dont ils se privent ? Des ténèbres de cette cave surgissaient-elles, les figures magiques portées par chacun d’eux dans son âme ? Un tel auditoire n’a rien d’attendri, de rêveur, non plus que les graves harmonies du vieux maître. Ce concert dans les ruines et sous les projectiles me rappelle ces tableaux où le peintre, ayant retracé les hauts faits des guerriers, nous montre au-dessus leurs ombres heureuses dans les Champs-Élysées.

Ces jeunes Français que nous venions surprendre avaient saisi l’occasion de se transporter dans un royaume paisible et d’écouter, en vibrant à l’unisson du génie, les idées sublimes que la vie maintient assoupies et que les circonstances héroïques laissent monter à fleur des consciences. Je ne pouvais voir le visage d’aucun de ces auditeurs, car seule une petite lampe électrique de poche projetait une faible lueur sur la partition devant les deux virtuoses ; mais je suis sûr de l’émotion surnaturelle qu’ils éprouvaient. Certainement qu’un jour, quelque artiste de génie, peintre ou musicien, voudra s’emparer de cette scène et nous rendre sensible tout ce que contenait cette chambre de musique dans les ruines d’Ablain.

Les musiciens Georges Ferré et André Benardel au "Casino" d'Ablain

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Avec les « Souvenirs d’un combattant », de Roger Cadot, nous avons un témoignage fort intéressant d’un sergent puis adjudant au 360e R.I. qui est passé sous-lieutenant à la fin juin 1915. Etant à Ablain, Roger Cadot décrit le lieu où se trouvait le piano et dans quelles conditions l’infirmier Georges Ferré accompagnait le violoncelliste André Bernardel* qui jouait sur un instrument de fortune baptisé« boîte à macaroni ».

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Pages 219 et 220

La prise du chemin d’Angres à Souchez

Le 5e bataillon s'installa dans les caves d'Ablain, en réserve, le 6e bataillon occupant les tranchées. Le secteur conservait son aspect sinistre, mais l'ardent soleil de juin avait achevé de consommer les chairs putréfiées. Les morts des dernières batailles étaient secs et l’épouvantable odeur avait disparu. Les corps s’étaient définitivement agrégés à la terre sur laquelle ils étaient tombés et contribuaient à consolider les parapets. Dans la tranchée en U, un bras avec sa main au bout saillait encore de la paroi, comme pour barrer le chemin, et des cyniques, au passage touchaient cette main desséchée en disant : « Bonjour, ma vieille ! »

La nuit du 6 juillet et le commencement du jour suivant furent paisibles. Le commandant aimait faire venir au « Casino » Bernardel avec sa boîte à macaroni, ainsi qu’un infirmier du nom de Georges Ferré pianiste à ses heures. J'ai dit que les Allemands avaient installé un piano dans cette cave, on y pouvait donc passer quelques heures d'aimable façon, lorsque le roulement du service faisait peser sur d'autres la responsabilité de la première ligne. Le commandant Bouffard lui-même ne dédaignait pas de tapoter l'ivoire, et le capitaine Jaffrelot rehaussait la séance avec quelques gaillards refrains de garnison.

Quelques jours auparavant, le « Casino » avait reçu la visite d'hôtes illustres : Maurice Barrés, Louis Barthou, Stephen Pichon et Joseph Reynach**. C'était le lieutenant de Rozières qui l'occupait alors, mais, modeste, il ne s'était pas fait connaître. Barrés a conté cet épisode dans un article de l'Echo de Paris*** qu'il a consacréà François Baudry et à Pierre de Rozières, après leur mort. « Par une matinée de juin, écrit-il, avec trois compagnons, je circulais dans Ablain pire qu'un désert, longue rue dépecée par la mitraille, où venait encore à de longs intervalles un obus, et soudain voici que d'une cave s'élève un air charmant et savant de Bach, chanté par un violoncelle que soutient un piano. Nous frappons, on ouvre et dans la nuit noire, vingt soldats, amateurs et musiciens, nous accueillent, parmi lesquels mon compatriote, le fils d'un ami de ma jeunesse et qui ne s'est pas nommé ! J'en ai un bien grand regret, mais quelle preuve de l'excessive réserve de Pierre de Rozières, puisque je sais bien qu'il m'aimait. »

 * La famille Bernardel est une famille de luthiers français célèbre.

** Joseph Reinach.

*** Echo de Paris du 27 ou 28 mars 1917 ou 1916 [sic].

Sous-lieutenant Sarraz-Bournet, promotion de Montmirail

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Louis, Désiré, Paul Sarraz-Bournet, fils de Ferdinand Joseph et Garcin Mélanie est né le 11 juillet 1891 à Châlons-sur-Marne (Marne).

Sorti du lycée de Chambéry en 1909 (classe de Mathématiques Elémentaires), il est ensuite élève du cours de Saint-Cyr au lycée de Grenoble (1909-1911), puis au Lycée Hoche de Versailles (1911-1912).

Il est reçu au concours de 1912 de l’école de Saint-Cyr. Il s’engage au 23e régiment d’infanterie de Bourg-en-Bresse (1912-1913).

Il intègre comme élève l’école de Saint-Cyr (1913-1914), promotion de Montmirail (aux gants blancs).

Affecté comme sous-lieutenant au 97e Régiment d’Infanterie Alpine le 3 août 1914, rejoint le régiment le 15 août 1914.

Mort pour la France le 1er septembre 1914, au Col de la Chipotte (Vosges).

Croix de guerre avec palme : « A brillamment enlevé sa section à l’assaut d’une tranchée allemande le 1er septembre au Col de la Chipotte. Tombé mortellement frappé. » (Ordre n° 93 de la 10e Armée, le 27 juillet 1915, Journal Officiel du 8 septembre 1915). Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume.

Il était de la même promotion que le Sous-lieutenant Humbert : Humbert, Jacques, Emile, Louis, Léon (1893-1993), qui terminera sa carrière comme général de division, grand officier de la Légion d’honneur.

Lien vers la promotion

La fiche « Mémoire des Hommes » le concernant mentionne sa mort le 8 octobre 1914. En fait il s’agit de la date de la découverte de son corps. Le régiment avait bien combattu début septembre à La Chipotte et en octobre 1914 il avait gagné le front d’Artois, près d’Arras.

Fiche M.D.H. du sous-lieutenant Sarraz-Bournet

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La Hure - 91e R.I. - Attaque de Saint-Pierre-Vaast en octobre 1917

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Extrait du carnet de route de PIERREJEAN Fernand (Classe 1913)

agent de liaison au 3e bataillon du 91e R.I. lignes écrites sur le vif et dont le carnet est conservé intact depuis 1916.

Année 1916. Le 91e vient de quitter l'Argonne et se dirige au camp de Mailly. Après un séjour d'un mois d'entraînement à ce camp nous embarquons par chemin de fer et débarquons à Grandvillers (Oise) et cantonnons à Dargies Quelques jours plus tard nous partons à Gentelles et enfin à Cachy (somme) tout près de Villers-Bretonneux. Dana un bois se trouvent les avions chasseurs dont l'as Guynemer à qui j'ai serré la main. Quelques jours plus tard des camions nous transportent à la tombée de la nuit sur la grande route d'Amiens à Saint-Quentin ; nous la quittons après une douzaine de kilomètres pour aller vers le Nord, déjà nous apercevons les campements Anglais, les camions .nous laissent à quelques kilomètres: de Maricourt, sur un plateau entre Maricourt et Suzanne, il pleut à torrent.

Au jour nous apercevons 34 saucisses d'observation. 48 heures sur ce plateau nous allons sur un autre plateau dit « le Chapeau de gendarme » près du village en ruines de Curlu, nous repartons à l'arrière à Chipilly quelques jours et ensuite à Bray-sur-Somme.

6 jours après nous sommes à Suzanne, puis dans la même nuit, nous revenons à Bray-sur-Somme, le P. C. du 3e bataillon est installé dans un café tout près de l'église ; 4 jours se passent et à nouveau nous revenons à Suzanne. Nous nous demandons pourquoi nous tournons autour de ces villages.

Enfin nous allons aux carrières d'Halimbourg, endroit que j'avais reconnu de jour en compagnie du capitaine Nouvellet de la 11e ; le canon tonne, ça gronde, et pourtant 6 kms nous séparent encore des premières lignes, il n'y a pas longtemps que la bataille a fait rage ici car il y a des cadavres partout.

Voici les gaz. Nous mettons nos masques, au passage à Curlu une courroie de musette casse, les grenades qu'elle contenait explosent et quelques hommes de la 11e sont blessés.

Le 3e bataillon.est ensuite emmené par le commandant Pétin, en tête, au ravin de l'Aiguille. Je suis envoyé en ligne y conduire le colonel Messimy (ministre) qui commande un bataillon de chasseurs à pied.

Je vois que les ravages sont terribles. Sur une colline des silhouettes bizarres. Je m'approche et je vois une trentaine de couples Français-Allemands embrochés et restés debout dans un rictus affreux. Un Allemand à genoux les yeux fixés vers le ciel, un chapelet en main, semble implorer le Bon Dieu ; des remparts en zig-zag faits avec les cadavres entassés.

En parlant avec certains camarades qui pourtant ont fait la guerre aussi, il y en a qui m'ont traité de menteur lorsque je leur ai parlé de cela. Je ne crois pas avoir rêvé pourtant et en admettant que je l'ai rêvé sans le voir, il serait facile de se rapporter en 1935 où le journal « L'Ami du Peuple » a relaté les mêmes paroles que moi : ce journal a raconté la prise du bois Saint-Pierre-Vaast et justement le 7 octobre 1916.

L'organisation se fait à ce ravin, les abris se font rapidement, les foudres contenant l'eau venant de Combles sont gardés, des corvées d'eau sont organisées, un bidon par homme ; le ravitaillement est fait par une caravane de bourricots la nuit, les sergents-majors y viennent chacun leur tour, Bouboule, de la 3e C.M., Libert, de la 11e, Vermorel de la 10e, Chabannes de la 9e.

Et voilà que nous quittons le ravin de l'Aiguille, en route pour traverser la grande artère Péronne-Bapaume, à notre droite le village de Bouchavesnes, à gauche Rancourt, nous avançons dans un chemin creux en direction du bois de Saint-Pierre-Waast, puis dans un deuxième chemin creux.

Le P. C. du 3e bataillon est dans une ancienne sape boche, donc mal tourné. Le commandement : commandant Pétin, capitaine adjudant-major Salbert, adjudant de bataillon Gourdon, un observateur d'artillerie, un observateur infanterie (sergent-fourrier Sauveur, de la 11e, téléphonistes, etc…

La liaison, sous les ordres du caporal Hulin est au-dessus, dans un petit boyau ; là aussi est le caporal-clairon Menneret. Les obus arrivent de plein fouet sur la liaison et il fallut s'éparpiller. Je me rapproche de l'entrée de la sape et reste en haut. Je fus envoyé au poste du colonel et, en revenant, je dus m’abriter dans un boyau où la 11eétait entassée. Notre 155 tire trop court, je bondis vers l'observateur et téléphoniste pour lui faire allonger le tir.

A 13 h. 45, une attaque est déclenchée sans préparation de l'artillerie. Nos poilus avancent sans courir, mais d'un bon pas, comme à une manœuvre, ver les lignes allemandes et la lisière du fameux bois est occupée. Spectacle émouvant et grandiose pour des spectateurs que nous sommes au P. C. du bataillon.

Attaque pleinement réussie. Les prisonniers nous arrivent en masse et sont dirigés vers l'arrière ; mais la tranquillité fut de courte durée. Les tirs de barrage commencent et un tonnerre se fait entendre. Les blessés commencent à essayer de se sauver vers l'arrière. Un obus entre dans la sape du commandant Pétin : 6 tués dans l'entrée. Je me trouve en haut, j'appelle et le commandant me répond : « Dégagez-nous ! ». En compagnie de quelques camarades, nous dégageons les cadavres de l'entrée.

Le lendemain, un autre obus arrive de la même façon ; encore 6 tués.

Le sergent-fourrier est blessé : un bras coupé et un éclat dans les reins. Il meurt au moment de nous quitter et je l'enterre sur place, aidé du caporal-clairon Menneret. Le bois est pris, mais quel carnage ! A tel point que Viaud, de la 11e (Gégène), bien connu, a nommé la bataille « le 7 octobre, jour de boucherie ».

Et ce fut la relève. Le pauvre 3e bataillon était bien déplumé. Il fut rassemblé dans un petit bois où nous fûmes bien restaurés, puis de là, à Cerisy-Gailly, où nous pouvons nous remettre des fatigues de la bataille..

Il fut question que le 91e porterait le béret noir et en lettres d'or « Saint-Pierre-Vaast ». Mais était-ce un canard ? On n'en parla plus. Le 91e fut dirigé sur Conty et puis ce fut le beau voyage en Afrique du Nord, voyage trop court, puisque 4 mois étaient écoulés que nous repartions vers Saint-Quentin.

Le souvenir du 91e ne s'effacera pas de ma mémoire et je rends hommage à tous les anciens du 91e et je rends de temps à autre visite aux anciens qui sont restés à Avocourt, à Bouchavesnes, à Soupir et d'autres dont les noms m'échappent.

P.-S. — Je m'excuse, de n'avoir pas donné de dates exactes dans tout mon récit, mais cela a été fait avec intention au cas où j'aurais  été fait prisonnier.

Pierrejean Fernand, exigent de liaison, 3e Bon.

Louis Galland, vicaire à Neuville-sur-Saône (Rhône)

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Le vicaire de Neuville-sur-Saône, Louis Galland, a eu l'occasion de correspondre avec Monsieur l'abbé Lathuillière, archiprêtre de Neuville (Rhône).

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GALLAND (Louis), de Lyon.

Néà St-Christo-en-Jarret, le 27 août 1882 ; vicaire à Neuville. — Mobilisé (Services Auxiliaires) XIIIe Section I. M. ; au front (mars 1915) ; brancardier 298e R. I. ; caporal ; blessé (5 avril 1918). — Démobilisé en mars 1919.

1° Ordre 298e R. I., n° 222, juillet 1916 : « Brancardier dévoué et courageux, toujours prêt à remplir les missions dangereuses, a fait preuve de brillantes qualités d'énergie en prodiguant sans relâche ses soins aux blessés pendant six jours, sous un bombardement des plus violents.  »

2° Ordre 298e R. I., avril 1918 : « Sur le front depuis janvier 1915. A toujours fait preuve de courage et de dévouement. N’a cessé de prodiguer ses soins aux blessés, même sous les plus violents bombardements. A été grièvement blesséà son poste, le 5 avril 1918. »

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Eglise de Fontenoy (Aisne) bombardée le 14 septembre :

10 avril 1915, vendredi de Pâques.

Je viens de recevoir votre carte du 5 avril. Heureux des bonnes nouvelles que vous me donnez, sur les Pâques à Neuville. Je m’habitue parfaitement à ma nouvelle vie. Tranquillités pour le moment, mais on marche et on travaille suffisamment. Ce soir pluie neigeuse.

L. Galland, brancardier à la 63e Division, Secteur 58.

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Le Pont de tonneaux et le vieux Pont à Soissons, vue prise de la Crise :

15 avril 1915.

Cher Monsieur le Curé,

Je suis depuis ce matin jeudi 15 avril « brancardier-prêtre au 298e d’Infie 19e Cie 5e Bon Secteur58 ».

Ma fonction sera à peu près celle d’aumônier. Nous sommes deux par bataillon. Je trouve ici l’abbé Ferlay, curé de La Tourette. Et comme major un camarade de mon frère, un pays. Ce soir nous irons plus près des Boches, aux 1ères lignes, mais on y est, paraît-il, bien tranquilles et très bien. Belle journée aujourd’hui. Je vous serai reconnaissant si vous voulez m’envoyer quelques messes. Bonjour à Jeanne (où est Guy ?).

A vous, cher Monsieur le Curé, mes respectueux et affectueux hommages.

L. Galland. – Je vais très bien.

Au 298e, le vicaire de Neuville a retrouvé Joseph François Ferlay, curé de La Tourette :

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FERLAY (Joseph-François), de Lyon.

Néà Chazelles-sur-Lyon, le 27 janvier 1874 ; curé de La Tourette. — Mobilisé (Services Auxiliaires) XIIIe Section I. M., G. B. D. / 63 (6 août 1914) ; 298e R. I. (7 janvier 1915) ; XIIIe Section I. M. (8 décembre 1915) ; interprète 13e Région P. G. (1er octobre 1917). — Démobilisé le 6 février 1919.

A pris part aux actions suivantes : — 1914 : Marne ; — 1915 : Aisne, Crouy.

Ordre 298e R. I., n° 222, 5 août 1916 : « Au cours des journées de la Marne, a fait preuve en de nombreuses circonstances, d'heureuses initiatives, se prodiguant avec un inlassable dévouement, parcourant de jour et de nuit le terrain battu par l'ennemi pour apporter ses soins aux blessés français qui gisaient à proximité des tranchées allemandes. Même attitude pendant les combats du 20 septembre, pendant lesquels il prodigua ses soins aux blessés sur le terrain et ensuite à l’ambulance. Fortement contusionné par un éclat d'obus, a refusé de rester au poste de secours et a repris volontairement son service avant d'être guéri. Malgré son âge, a donné l'exemple du devoir, en demandant àêtre affecté comme brancardier dans un régiment. »

Le sergent Joseph-Antoine-Marie BONNA, d'Aix-les-Bains

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Joseph-Antoine-Marie BONNA est néà Aix-les-Bains le 30 juillet 1892, fils de François Antoine Jacques et de BAL Flavie Eugénie. Elève du Lycée de Chambéry il en sortit terminant sa classe de 3e A en 1909. Il était étudiant à Paris et demeurait 269 rue Saint-Jacques à Paris (5e), lorsque étant de la classe 1912, il s'engagea avant l'appel le 24 février 1913, pour le 30e Régiment d'Infanterie d'Annecy. Parti en campagne contre l'Allemagne, étant caporal, avec le 30e Régiment, il passe au 414e Régiment d'Infanterie le 5 mars 1915. Il est nommé sergent le 9 octobre 1915. Mort pour la France le 3 mars 1916 à Seppois-le-Haut (Haute-Alsace). Sa citation à l'ordre du Régiment est la suivante : « Sous-officier brave et dévoué, tombé glorieusement le 3 mars 1916 à Seppois-le-Haut, en faisant vaillamment son devoir. »

 

Sources : Livre d'or du lycée de Chambéry, Registre matricule de la Classe 1912.

Origine de la famille : Paul BONNA (1840-1894), entrepreneur de maçonnerie qui fut maire d'Aix-les-Bains de 1886 à 1892. Son épouse Marie BONNA née Bal était née en 1844. Une rue d'Aix porte le nom de Paul Bonna.

Lieu d'inhumation : Joseph BONNA est inhumé dans le caveau familial.

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Poème de Joseph BONNA avant l'assaut d'octobre 1915 sur Souchez :

L’ASSAUT

Avant l’assaut de Souchez, en octobre 1915.

 

L’heure est venue enfin des dévouements sublimes.

Amis, abandonnez les livres et les limes ;

Laissez dans votre sac Musset pleurer d’amour

Oubliez les baisers et les promesses vagues

Qui vous faisaient ici travailler à des bagues,

Car voici le grand jour !

 

Le lieutenant a dit : – « C’est ce soir qu’on attaque ». –

Pensons donc à tuer et à mourir, et que chaque

Soldat ne songe plus qu’à faire son devoir.

Epointons pour l’assaut nos frêles baïonnettes,

Et, pour que des Lebel les atteintes soient nettes,

Leur mécanisme entier nous allons le revoir.

 

Oh ! que j’attends ce soir avec impatience !

Le soleil, glorieux de sa magnificence,

Descend trop lentement sur l’horizon vermeil.

Eh bien ! regardons-le, ce vieux soleil qui tombe...

Combien vont comme lui se coucher... Mais la tombe

Hélas ! est sans réveil.

 

Sans réveil, ai-je dit ?... je nie et je blasphème.

Sans réveil ? Allons donc ! Mais la mort elle-même,

Qu’est-elle, si ce n’est un immense réveil ?

La vie est un sommeil profond où Dieu nous plonge,

Où la réalité n’est qu’un masque de songe,

Où l’ambition seule est notre bon conseil.

 

Eh bien ! puisque la vie est triste en somme, et vaine,

Que l’orgueil satisfait a coûté tant de peine,

Et puisqu’après cela la mort vient à coup sûr,

Allons à ses devants ! Abrégeons le martyre !

Marchons sans sourciller, tombons dans un sourire,

Comme un soleil mourant dans un horizon pur.

 

O fantassins frappés à l’assaut des tranchées,

Les lentes plaintes, par les douleurs arrachées,

Les râles, sont encore d’immenses cris d’espoir

Et joints aux chants joyeux dominant la fournaise,

Forment un chant plus beau que notre Marseillaise...

Oh ! ce soir... oh ! ce soir !...

 

Mes Amis, qu’un d’entre nous chante

L’hymne sublime de Chénier :

Nous aurons l’âme plus ardente,

Tous du premier jusqu’au dernier.

 

Joseph BONNA, Ancien Elève du Lycée. Tuéà l’ennemi, le 3 mars 1916.

Sapeur RUFF de la compagnie 8/1 du 4e Régiment du Génie

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Georges Marie RUFF, sapeur-Mineur à la compagnie 8/1 du 4e Régiment du Génie a été tuéà l'ennemi le 14 janvier 1915 à Marbotte. Il était né le 15 mars 1892 à Saint-Galmier (Loire). Son décès est transcrit à Bourg-Argental (Loire), lieu de son domicile familial.

Son acte de décès nous informe de la façon suivante : Fils de Georges et de BÉRAUD Marie Elisa.

Témoins :  RENAUD Bernard, lieutenant et ROBAS Pierre, sergent, tous deux à la Cie 8/1 du 4e Génie.

Mort par suite de blessures de guerre le 14 janvier 1915 à Marbotte (Meuse).

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L'Historique de guerre du 4e Régiment du Génie s'intéresse à la journée du 14 janvier 1915 pour la compagnie 8/1 et cite le sapeur Ruff :

Le 14 janvier 1915, une attaque partielle est déclenchée dans le secteur du bois d’Ailly. Il s’agit, après l’explosion du fourneau qui va bouleverser le saillant de la tranchée ennemie fortement organisée, de sauter dans l’entonnoir, et de s’y maintenir. A l’heure fixée, la mine joue avec les résultats attendus. Une section d’infanterie précédée d’un détachement de sapeurs de la Compagnie 8/1 chargé de faire à la cisaille des brèches dans le réseau, atteint sans pertes sensibles l’objectif. Reste à s’y maintenir, à conserver le gain coûte que coûte. Les sapeurs se mettent au travail. L’ennemi, son premier moment de stupeur passé, contre-attaque. A trois reprises, il s’élance mais en vain. Bientôt les grenades tombent serrées au milieu des défenseurs dont les rangs s’éclaircissent, les munitions sont sur le point d’être épuisées, les cartouches même vont manquer. Pendant que le sapeur Risset, blessé dès le début près du barrage en sacs à terre, renvoie les grenades qui lui sont lancées, le sapeur Ruff sort de la tranchée et court dans la première ligne française se réapprovisionner. Il faut maintenant revenir sous le feu des mitrailleuses allemandes qui balaient sans répit l’espace à parcourir, et Ruff, qui avait été volontaire pour l’attaque, n’a pas un moment d’hésitation. Il s’élance mais une balle au front le couche à terre sur le parapet de la tranchée conquise. Sa mission est remplie, ses camarades peuvent tenir jusqu’au bout.

Il est inhumé tombe n°458 de la nécropole nationale "Marbotte"à Apremont-la-Forêt.

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Noël 1914-Noël ,2014

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Je souhaite un joyeux Noël à tous mes lecteurs et contributeurs.

Il est facile de trouver d'autres cartes d'André Rosa sur la toile...

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Les Alpins de France

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LES ALPINS DE FRANCE

(Photographies des lieutenants D., F. et de M. P.)

Nos Alpes jadis se gardaient elles-mêmes. Sauf dans les périodes de crise, lorsque par des sentiers de chèvres les troupes françaises descendaient en Piémont, escortant le drapeau tricolore, jamais on n'avait sérieusement songéà faire circuler  des canons ou des convois de guerre dans les domaines alpestres du rhododendron et de l'edelweiss.

Il n'en est plus de même aujourd'hui. Pendant toute la belle saison, des deux côtés de la frontière, la poudre parle, et ce n'est point la poudre de chasse ! Alpins français sur le revers occidental des montagnes, alpini et bersaglieri sur leurs pentes orientales exécutent leurs tirs de guerre. Sans relâche, ils manœuvrent dans les parties les plus abruptes des hautes vallées alpestres, passent comme en se jouant par des cols réputés inaccessibles et débouchent parfois, avec armes et bagages par des échancrures de montagne ignorées des chasseurs de chamois eux-mêmes.

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L'uniforme des vaillants petits alpins est bien connu Une vareuse sombre à large col, portant le numéro du bataillon, un ample pantalon sanglé sur le mollet dans des bandes molletières artistement croisées ; aux pieds, de solides brodequins ; sur la tête, un béret de montagnard, sur lequel les gradés font broder en argent l'edelweiss symbolique.

Ajoutez l'alpenstock pour escalader les pentes, la large ceinture bleue garantissant la poitrine et les entrailles et, pour les alpins du 14e corps d'armée, ceux des grandes Alpes neigeuses, les raquettes évasées pour courir sur la neige.

L'année militaire des gardiens de notre frontière alpine se partage en deux fractions d'inégale durée.

L'hiver, quand les neiges interceptent les passages et rendent les cols impraticables, les bataillons alpins redescendent dans la vallée occuper leurs quartiers d'hiver. Ceux du 14e corps d'armée ont comme garnisons Annecy, Albertville, Chambéry, Grenoble, Embrun, ceux du 15e corps hivernent à Nice, Grasse, Antibes, Villefranche et Menton.

Ces derniers, les plus favorisés, vont pendant trois mois oublier leurs fatigues de la montagne, danser, flirter, batailler à coups de fleurs et de confetti, triompher aux redoutes et aux vegliones de Nice la Belle. Puis, quand la neige commencera à fondre, quand les chemins muletiers redeviendront tant soit peu praticables, adieu la Méditerranée bleue et le chaud soleil de la promenade des Anglais, en route pour le secteur.

Dans les Alpes, comme ailleurs, l'ennui des uns fait la joie des autres. Il faut voir l'allégresse des habitants et habitantes des vallées lorsque le bataillon, leur bataillon, vient réoccuper ses cantonnements d'été. On n'est pas riche dans la montagne, et le séjour des soldats est toujours une occasion de gain que les montagnards accueillent avec une vive satisfaction.

D'autre part, par suite de l'organisation en secteurs, un groupe alpin revient plusieurs années de suite dans la même haute vallée. Souvent, la même cabane, le même chalet sont affectés au cantonnement de la même fraction de troupes. Nos alpins se retrouvent tout de suite en pays de connaissance.

On s'imagine difficilement, lorsqu'on ne l'a pas constatée soi-même, la somme de travail physique dépensée par les soldats des Alpes pendant leur séjour dans la montagne.

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Il n'est point de sentier, si mauvais soit-il, qu'ils n'aient parcouru. Les cols réputés naguère inaccessibles, ils les ont traversés. Les crevasses les plus larges, au fond desquelles gronde le torrent qu'alimente le glacier, ne sauraient les arrêter. Si le passage est dangereux, ils s'attachent les uns aux autres, à l'aide de cordes, et franchissent ainsi le mauvais pas en narguant le vertige. Un faux mouvement sur le glacier, poli comme un miroir, et le gouffre est prêt à les engloutir ; mais l'alpin a le pied agile et sûr; rien ne l'effraye, rien ne le surprend, et c'est en chantant qu'il arpente les crêtes rocheuses, le sourire aux lèvres, la boutonnière fleurie de roses des Alpes.

Le tir à la cible, les feux de guerre alternent avec les marches-manœuvres et les reconnaissances dans le secteur.

Parfois nos alpins laissent le fusil et, armés de pelles et de pioches, construisent des chemins, améliorent des routes, réparent des ponts, aménagent des emplacements de batteries, mettent, en un mot, la frontière en état de défense.

Et lorsqu'un officier italien se présente en parlementaire sur la ligne de démarcation des deux pays, pour régler un de ces mille incidents que font naître les limites enchevêtrées et illogiques de la Savoie, il constate avec stupéfaction, au cours des négociations engagées avec nos officiers, qu'un plateau, une dent, une roche escarpée, négligés par nous l'année précédente, profilent aujourd'hui sur le ciel une silhouette régulière, indice certain de fortification passagère.

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La belle saison se passe ainsi, loin, bien loin des villes, dans des localités perdues.

Parfois, les alpins du 15e corps ont la bonne fortune de s'en aller cantonner dans les petits trous pas chers des Alpes-Maritimes, à Belvédère, Saint-Etienne-de-Tinée, Lantosque, ou à Saint-Martin-Vésubie.

C'est fête, ces jours-là, au bataillon. Vite, on endosse la tunique un peu ripée par l'hétéroclite promiscuité de la cantine, et jusqu'à potron-minet, on danse au Casino de l'endroit avec les Niçoises ou les Mentonnaises, venues dans la montagne pour se mettre au vert. Si le commandant est de belle humeur — cela arrive souvent — la fanfare joue sur la place ses airs les plus troublants.

En maints endroits de la frontière, les postes alpins français sont extrêmement rapprochés des positions occupées toute l'année par les alpini italiens ; les sentiers de crête suivent parfois la ligne de démarcation entre la France et l'Italie, de telle sorte que des détachements des deux armées passent à faible distance l'un de l'autre, clairons sonnant, fanion déployé.

Il résulte souvent de ce voisinage un échange de relations amicales, bien naturelles d'ailleurs entre braves gens qui n'ont aucun motif de s'en vouloir et que rapproche, au contraire, la similitude de travaux, de fatigues, de dangers.

Souvent, au milieu d'une de ces superbes prairies qui, aux environs des cols, jettent une note gaie dans la sombre couleur des roches amoncelées, le touriste rencontre une compagnie alpine faisant sa grande halte.

Une sentinelle garde les faisceaux et la ligne des sacs. en arrière, des groupes pittoresques se forment ; une escouade se rend à la source voisine, pour remplir les bidons ; les cuisiniers préparent le café ; la fumée bleuâtre s'élève en spirales, assombrissant un instant l'atmosphère transparente de la montagne ; un loustic imite le sifflement de la marmotte, pendant, qu'au piquet, les mulets débâtés poussent des braîments de satisfaction.

La nappe des officiers est installée à deux pas de la frontière; et, si le hasard amenait dans ces parages un détachement d'alpini ou de bersaglieri italiens, les troupes des deux pays pourraient déjeuner ensemble sans quitter leur territoire national.

Au col du Petit-Saint-Bernard, lorsqu'un de nos officiers en tenue s'approche de la ligne de démarcation, qu'il lui est d'ailleurs formellement interdit de franchir, il voit parfois surgir de derrière une roche les carabiniers, gardiens de la vallée d'Aoste qui, moyennant une légère rétribution, lui versent par-dessus la frontière un verre d'Asti spumante, le champagne du Piémont.

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Mais la bise commence à souffler. Les sommets se coiffent de leur bonnet de neige. Les manœuvres sont terminées. Les anciens crient : « La classe ! » En route pour les garnisons d'hiver. On part.

Pas tous ! Dans certains postes, bien loin, bien haut dans la montagne, perdus au milieu des neiges, reliés au reste du monde par un maigre fil téléphonique que coupera peut-être l'avalanche de demain, un peloton, une section, quelques hommes du groupe alpin vont garder le passage. Et, tandis que les camarades redescendent dans la vallée, ceux qui restent, les marmottes, s'organisent pour l'hivernage, aménagent les chambres aux lits superposés, se préparent, en un mot, à passer le mieux possible leurs quatre mois de paquebot.

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Le paquebot ! Pourquoi, en montagne, cette appellation maritime ? Parce que, vous répondent les alpins du 11e bataillon, le poste de la Redoute ruinée qui surveille la grande route et les sentiers du Petit-Saint-Bernard, ressemble assez à un navire ; qu'il est, comme les transatlantiques, divisé en compartiments servant de carré, de cabines, d'entrepont; et qu'enfin, ses habitants restent pendant une partie de l'année isolés du reste du monde, perdus dans la solitude entre le ciel et l'eau, celle-ci sous forme de neige.

En voilà suffisamment, n'est-il pas vrai, pour justifier la présence du paquebot sur la crête des Alpes. La vie à bord, durant l'hiver, est assurément monotone. Lorsque la neige tombe drue et glacée, quand souffle la bise et hurle la tempête, il semblerait qu'une mélancolie profonde dût envahir le cœur de nos alpins. Quelle grave erreur ! Jamais les alpins ne broient du noir ; ils ont la gaieté, l'insouciance de la jeunesse qui leur font accepter très philosophiquement les ennuis d'une réclusion à 2500mètres d'altitude.

D'ailleurs, leur ingéniosité fait paraître courtes les journées que d'autres trouveraient si longues.

En dehors des corvées, des gardes, des factions dans l'Observatoire qui domine la frontière, surveillant tous les mouvements des alpini italiens du poste voisin, ils jouent au loto, ou encore font de savants et interminables carambolages sur un billard confectionné avec des caisses à biscuit, du crin végétal et du drap de capote.

Les fanatiques du jeu de tonneau peuvent s'en donner à cœur joie. Un artiste du bataillon a fabriqué un tonneau superbe, taillé en plein cœur de mélèze. Ceux que la zoologie intéresse prodiguent leurs soins aux chiens, fidèles compagnons de la sentinelle devant les armes. Ils portent les fonds de gamelle à la descendance de « Michel et de Noémie », ces jeunes porcs de sexe différent dont la vue et le grognement harmonieux évoquaient chez les premiers reclus de la Redoute ruinée des visions succulentes de saucisses et de boudins.

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Le réveille-matin emplumé du poste, le successeur du coq magnifique que les alpins avaient baptisé naguère, on ne sait pourquoi, du nom de Théodore de Bèze, les poules, ses compagnes, ne sont pas non plus oubliés.

Quand le soleil brille, la grande distraction consiste à s'en aller sur la pente voisine où la neige, bien tassée, constitue une glissade de premier ordre ; et, sur ce tapis immaculé, nos alpins se laissent choir àla ramasse, comme les soldats de Masséna. Il leur faut parfois une demi-heure pour remonter ; mais qu'importe, c'est un moyen de faire passer la journée.

Ce genre de sport développe leur adresse et leur agilitéà un degré tel que, la ramasse considérée naguère comme un simple amusement, est devenue un mode de locomotion sinon réglementaire, du moins fréquemment employé pendant les marches dans la montagne.

Lorsqu'une fraction d'alpins, arrivée sur la crête, a la bonne fortune de rencontrer une neige favorable, dure et résistante, les rangs s'élargissent, les hommes s'éparpillent, s'assoient sur la pente et, au petit bonheur, gradés en tête, se laissent glisser jusqu'en bas, abrégeant ainsi de plusieurs kilomètres le trajet à parcourir pour rentrer au gîte. On entend d'ici les éclats de rire qui accueillent le maladroit auquel un élan intempestif occasionne une culbute à l'arrivée, lui faisant mordre la blanche poussière.

La neige, dont les alpins tirent leurs innocentes distractions, est parfois pour eux la cause de tristesse et de deuils.

Qui n'a présente à la mémoire la catastrophe des Eucherts, ce poste situéà mi-chemin de la Traversette et de la Redoute ruinée, d'où le 11e bataillon alpin surveille en tout temps le col du Petit-Saint-Bernard. Deux sous-officiers et un chasseur, surpris par une avalanche, furent entraînés sous la neige ; des efforts surhumains ne purent les sauver; on ne retrouva leurs cadavres que le lendemain.

Il y a quelques jours à peine, un deuil de même nature vient de frapper le 11e alpin. Quatre chasseurs, faisant partie du poste de la Traversette, ont été ensevelis par une avalanche à trois heures de l'après-midi, sur le versant du Petit-Saint-Bernard. Deux ont été sauvés ; les deux autres ont péri.

Le surlendemain, à l'autre extrémité de la chaîne montagneuse, la neige faisait encore deux victimes. Une compagnie du 27e bataillon manœuvrait près de l'Authion ; elle se dirigeait sur Sospel, où elle tient garnison, quand un chasseur glissa sur la neige et roula vers l'abîme.

Le lieutenant Mensier, qui se précipitait à son secours, fut entraînéà son tour.

Après de longues et pénibles recherches le soldat et l'officier victime de son dévouement furent retrouvés dans le lit du torrent. Le premier avait des blessures graves, mais qu'on espère ne pas devoir être mortelles. Le lieutenant Mensier était mort.

Le livre d'or des alpins recueille pieusement les noms de ces infortunés soldats, augmentant la liste déjà trop longue, hélas ! des victimes du Devoir et du dévouement obscur à la Patrie.

Les larmes séchées, ceux qui restent ont vite fait d'oublier que le danger les entoure et que la mort les guette à chaque pas qu'ils font dans la traîtresse montagne. Ne sont-ils point les gardiens fidèles de cette frontière que leur courage et leur sagacité rendent désormais intangible. Ne se disent-ils pas qu'on ne saurait payer trop cher une pareille confiance et une pareille gloire ?

Capitaine Ch. BRIDE.

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Médecin auxiliaire BABY : "Les coquelicots de Souchez"

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Auguste Pierre Constant BABY (Pierre BABY), médecin auxiliaire au 4e Bataillon du 97e Régiment d'Infanterie Alpine a écrit ce magnifique poème qui montre à quel point les soldats français, en Artois, avaient fait une relation, dès le printemps 1915, entre les innombrables corps de soldats français couchés dessus la terre et les fleurs de coquelicots qui croissaient allègrement sur la terre de Souchez (Pas-de-Calais).

 

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 Souvenir du 97e d’Infanterie

Les Coquelicots de Souchez

(Air : Les Petits Mouchoirs de Cholet, de Théodore BOTREL)

1. – Je les ai cueillis pour ta fête

Ces coquelicots de Souchez :

Cherche d’une façon discrète,

Les baisers, ma blondinette,

Que dans leur cœur tiennent cachés

Les coquelicots de Souchez.

 

2. – Ta bouche rouge et mignonnette,

Je crois la voir dans ce bouquet,

Et, caressant chaque fleurette,

Je rêve à ta frimoussette :

N’ont-ils pas son doux velouté.

Les coquelicots de Souchez ?

 

3. – J’étais sorti de ma cachette,

Comme un lapin de son terrier,

Et tout en faisant ma cueillette,

Je songeais que pour ta fête,

Vers toi je suivrais volontiers

Les coquelicots de Souchez.

 

4. – Au fond du val et sur la crête,

En rangs serrés, droits et coquets,

Leur képi rouge sur la tête,

Face au Boche qui tempête,

Ils montent la garde à son nez,

Les coquelicots de Souchez.

 

5[1]. – Les a vus l’auteur de « Colette »,

Quand, près de nous, il vint tirer

Quelques clichés pour sa gazette,

Sur les crêtes de Lorette…

Mais Barrès n’a pu les compter,

Les coquelicots de Souchez !

 

6. – Quand à l’assaut chacun se jette,

On voit surgir tous les bérets,

Floraison bleue aux mille têtes,

Qu’aucun obstacle n’arrête :

Les « Diables bleus » sont les bleuets

Des coquelicots de Souchez !

 

7. – Pourtant la Camarde nous guette,

Trouant les fronts sous les bérets…

Et je peux mourir, ma pauvrette,

Sans revoir ta frimoussette…

Mais, en mourant, je sourirai

Aux coquelicots de Souchez !

 

Devant Souchez, 5 Août 1915.

P . Baby

Médecin auxiliaire du 4e Bataillon

Tombéà Vaux, mars 1916.

Pour s'appuyer sur la chanson d'origine , "Les petits mouchoirs de Cholet" :

 chansons historiques de France 218 : Le mouchoir rouge de Cholet , 1898

Classe 1911, matricule 1051 au recrutement de Montargis :

 Livre d'or de la Conférence Laënnec (pages 88 à 90) : Auguste Baby

Médecin auxiliaire au 97e Régiment d'infanterie

"Mort pour la France", à Douaumont, le 16 mars 1916.

Auguste BABY, né en 1891, commença ses études de médecine en 1911. Aussitôt arrivée Paris, il s'inscrivit a la Conférence Laënnec, et, à la fin de sa première année, il était reçu à l'externat. Il avait d'autant plus de mérite à travailler que, pour subvenir aux frais de sa vie d'étudiant, il avait dû accepter une situation à l'Ecole Bossuet. Il était en sursis quand la guerre fut déclarée ; dès les premiers jours, il fut appelé et, après un court séjour au dépôt, il partit, sur sa demande, au 97e régiment d'infanterie alpine.

Dès les premiers jours, il fit l'admiration de tous par sa calme bravoure, son dévouement, sa sérénité. « Au combat, écrit son chef de bataillon, sous les pires bombardements, il se promenait aussi tranquillement qu'à l'exercice pour porter plus vite secours aux blessés. » Trois fois il fut citéà l'ordre et une fois proposé pour la Légion d'honneur .

Les lettres qu'il écrivait à ses parents sont animées des sentiments les plus délicats, les plus affectueux ; à chaque page il cherche à les rassurer, leur cachant le danger auquel il est exposé constamment. Elles nous révèlent ainsi un des traits de son caractère extrêmement affectueux. Ses lettres offrent encore un autre intérêt, elles nous permettent de juger de l'état d’esprit de la troupe aux jours les plus difficiles de la guerre.

Le 2 mars 1916, quelques jours après le début de la grande offensive des Allemands en direction de Verdun, et quinze jours avant sa mort, il écrit à ses parents : « Quand nous avons quitté notre petit patelin de l’Artois, nous ne savions pas du tout où nous allions, et nous n’aurions pas été autrement étonnés de nous voir emmené, jusqu'à Verdun. Personne n’a bronché, pas un ne s’est plaint, tout le monde s'est embarqué avec le sourire aux lèvres, parce que c'était une distraction comme une autre et qu'après tout l'Artois était devenu un peu trop du déjà vu ; et personne n'a dit, c'est toujours notre tour après les Vosges, Arras ; après Arras, Neuville-Saint-Vaast ; après Neuville-Saint-Vaast, Carency et Souchez ; après Souchez, Verdun ; il n'y en a donc que pour nous. — Non, ils ont parlé tout naturellement de Verdun comme d'une destination possible et même probable, mais sans acrimonie, sans lassitude. On ira, s'il faut y aller, voilà ! »

Le petit village d'où Auguste Baby écrivait cette lettre était la dernière étape de son régiment avant de monter en avant de Verdun.

Il s'agissait alors d'arrêter à tout prix la ruée allemande. Le 16 mars au soir, le 97e allait relever un autre régiment entre Douaumont et Damloup. Auguste Baby faisait route avec son chef de bataillon. « Nous sommes montés, écrit le commandant Desnoyers, par un bombardement intense. » Plusieurs hommes du bataillon furent blessés. Auguste Baby s'arrêta pour les panser et assurer leur évacuation. Son commandant lui conseilla d'attendre qu'on vînt le chercher le lendemain pour l'amener au point qui serait son poste de secours ; mais Auguste Baby ne pouvait admettre de rester loin de son bataillon car d'autres blessés pouvaient avoir besoin de lui. Quand il eut fini la tâche qui avait nécessité cet arrêt momentané il se remit en route avec les infirmiers et les brancardiers de son bataillon.

Sur un renseignement insuffisant, ils s’égarèrent dans un bois et aboutirent à un point des lignes où il n’y avait pas de tranchée continue ; ils furent prévenus de leur méprise par des coups de fusil qu’ils reçurent. « Couchez-vous ! » dit Auguste Baby à ses brancardiers. Et tous se blottirent dans un trou d’obus.

La nuit était claire, et dès que cette petite troupe essayait de bouger, les coups de fusil redoublaient. Les brancardiers et infirmiers parvinrent à s'échapper les nuits suivantes et rapportèrent la nouvelle qu'Auguste Baby avait reçu, dès le premier soir, une balle en plein front qui détermina la mort instantanément.

« Je l'estimais, écrit l'aumônier du 97e régiment, pour sa bravoure qui l'aura rendu cher à Dieu. Vous pouvez donc vous réfugier dans une confiance solide. »

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[1] Ce couplet s’adresse à Maurice Barrès, auteur de "Colette Baudoche".


Annecy : 1er Bataillon Territorial de Chasseurs Alpins (1er B.T.C.A.)

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La photographie ci annexée représente les officiers du Bataillon à Annecy à la mobilisation avant le départ pour la zone des armées. En fait le Bataillon va être dès le 6 août 1914  positionné face à la frontière italienne.

Commandant, chef de bataillon : M. Hinot, blessé lors d'un accident de cheval le 26 juin 1915, sera remplacé dans son commandement par le Capitaine Montier venant du 13e B.C.A.

Capitaine, commandant la 1re Cie : M. Chicotot Georges, Alexandre..

Capitaine, commandant la 2e Cie : M. Lejoindre.

Capitaine, commandant la 3e Cie : M. Nourrit Adolphe, blessé le 11 septrembre 1915 devant la tranchée de 1re ligne est transportéà l'hôpital de Francport, y meurty me 26 septemùbre 1915. Cette mort met en deuil tout le Bataillon où le capitaine Nourrit s'était fait une place tout à fait à part. Obsèques le 28 septembre 1915 à Choisy-au-Bac en présence du Général commandant la 61e Division. Le 30 septembre, par ,décision du Général commandant la 61e Division la tranchée B où le capitaine Nourrit a été blessé mortellement s'appellera "Tranchée Nourrit" pour perpétuer le souvenir de cet officier.

Capitaine, commandant la 4e Cie : M. Sevoz. 

Le 6 août le bataillon est embarqué en gare d'Annecy, à destination de Bourg-Saint-Maurice. Départ à 6 heures.

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Le chef de bataillon, commandant Hinot :

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Annecy : 1er Bataillon Territorial de Chasseurs Alpins (1er B.T.C.A.) Suite...

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L'article précédent a permis d'identifier quelques officiers du bataillon.

Pour mémoire voici de nouveau la photographie du groupe.

 

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L'un d'eux retient notre attention. Il s'agit du capitaine Georges, Alexandre CHICOTOT.

Ce capitaine est fort connu comme médecin de l'hôpital Trousseau à Paris, mais aussi comme artiste peintre.

 

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C'est le 31 janvier 1855 que naît à Paris Georges, Alexandre CHICOTOT, fils d'Alexandre et de Henriette, Laurence COCHET.

Marié le 26 juillet 1894 à demoiselle Blanche JACOB. Domicilié 77, rue Rambuteau à Paris (1er). Le couple a deux filles (situation établie en mars 1912).

Chevalier de la Légion d'Honneur le 24 janvier 1912, étant capitaine, réserviste au 1er Bataillon Territorial de Chasseurs Alpins.

On lira avec le plus grand intérêt son dossier Légion d'Honneur avec la recherche CHICOTOT.

Voici son élogieuse citation alors qu'il est chef de bataillon commandant le 7e B.T.C.A. : Citation à l'% de l'armée du 1er avril 1917, Officier de la Légion d'Honneur : "Officier supérieur d'une haute conscience. Animé d'un profond sentiment du devoir. Commande avec autorité un Bataillon Territorial placé dans un secteur difficile et pénible et donne à tous un noble exemple d'énergie et de patriotisme. Une blessure."

Voici maintenant le médecin, pionnier de la radiothérapie et l'artiste :

Autoportrait du Docteur Chicotot (1907) :

http://ateliercst.hypotheses.org/711 et http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=528

Tubage à l'hôpital Trousseau, peinture du Dr Georges Chicotot. On le voit assis, de face.

http://www.histoire-image.org/pleincadre/index.php?i=529

Comme beaucoup de radiologues, Chicotot est mort des suites d’une radiothermie.

Historique du 97e Régiment d'Infanterie Alpine

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                   Pour le congrès des Chamois qui s'est tenu à Chambéry le 17 mai 1953 un historique du 97e Régiment d'Infanterie Alpine fut publié.

Il concerne les 2 guerres 1914-1918 et 1939-1940.

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Collecte de vivres pour l'hôpital de Vienne (Isère).

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A Vienne (Isère), le brigadier Leblanc, aussi appelé le "Brigadier mendiant", effectue la collecte de vivres et produits auprès des commerçants. Il est entouré de soldats "auxiliaires" de la 14e S.I.M. (Section d'Infirmeires Militaires). Le brigadier Leblanc a la charge du service d'économat de l'hôpital de l'école supérieure de jeunes filles (place Emile-Zola). Il recueillait journellement la quasi totalité des comestibles nécessaires à la nourriture des blessés, en plus de dons en argent. 

Collecte devant l'"Epicerie Parisinne", place Miremont, aux abords de la rue Ponsard à Vienne :

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Voici une autre collecte photographiée devant la fontaine sur la place de l'Hôtel-de-Ville..  On voit sur la voiture à bras des fruits de saisons, courges, etc... et au sol une corbeille de raisions. La photograhie a été faite probablement fin septembre 1914.

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La fontaine place du marché (de l'Hôtel-de-Ville) :

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Henri-Joseph BOCHET, mort pour la France à Lihons (Somme)

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Henri-Joseph BOCHET, classe 1899, matricule 1009 au recrutement de Chambéry.

Il est né le 31 janvier 1879 à Hauteluce, canton de Beaufort (Savoie).

Il est le fils de Jacques et de BRAISAZ Jeanne Aimée domiciliés à Hauteluce. Sa mère était décédée lors du conseil de révision.

Il est cultivateur, résidant à Hauteluce.

Il est incorporé au 96e régiment d'infanterie à Lyon, arrive au corps et est soldat de 2e classe le 16 novembre 1900.

Il passe au 19e escadron du train le 1er octobre 1900 (décision du gouverneur militaire de Paris du 28 septembre 1901).

Envoyé en congé le 19 septembre 1903, en attendant son passage dans la réserve de l'armée active. Certificat de bonne conduite : "Accordé".

Rappeléà l'activité par la mobilisation générale au 108e régiment territorial d'infanterie, arrivé au corps le 3 août 1914.

Passé au 110e Régiment territorial d'infanterie à Romans le 14 septembre 1914. En fait il a immédiatement été affecté au 75e régiment d'infanterie actif (dépôt à Romans).

Décédé le 31 octobre 1914 sur le champ de bataille à Lihons (Somme).

J. O. du 14 août 1920, page 11929, médaille militaire et croix de guerre étoile de bronze à titre posthume : "Bon soldat tuéà son poste de combat le 31 octobre 1914 à Lihons (Somme).

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Campagne contre l'Allemagne du 3 août au 31 octobre 1914.

Résidences civiles successives :

16 novembre 1903 : 76, place des Etats-Unis à Paris (XVIe).

24 février 1904 : 17, place Vendôme à Paris (Ier)

25 juin 1905 : 27, av. de Friedland à Paris (8e).

15 décembre 1913 : 7, rue Chateaubriand à Paris (8e).

La mention du versement d'un secours à sa veuve nous renseigne sur le fait qu'il était marié.

Extrait du journal "La Croix de Savoie" du 20 juin 1915 :

Hauteluce

Morts au champ d’honneur. — La femme de Joseph Henri Bochet, fils de Jacques, soldat au 108e territorial, a été officiellement avertie que son mari avait été tué, à Lihons, dans la Somme, le 1er novembre dernier. Il est bien regrettable que cette douloureuse nouvelle ait mis sept mois pour parvenir à la jeune veuve.

Sépulture

Rancourt (Somme). — Henri BOCHET, mort pour la France, est inhumé comme soldat du 75e régiment d'infanterie dans la nécropole nationale de Rancourt, tombe 5086.

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